J’ai envie de partager avec vous un questionnaire sur la biphobie auquel j’ai répondu il y a maintenant 3 ans que je trouve toujours (et malheuresement) d’actualité.
Ces réflexions éclairent sur ma lecture du monde, je parle de moi, de mes expériences personnelles avec le label, de mon rapport aux normes de genres, de nos commaunutés, et plein d’autres choses qui donnent de l’espoir aussi. Je suis heureuse d’avoir pu les mettre des mots sur mes expériences, et je contente de pouvoir contribuer à l’essort de la visi-BI-lité sur les réseaux.
Bonne lecture💗💜💙
Selon toi, qu'est-ce que la biphobie ? Comment la définirais-tu ?
La biphobie est l’ensemble des discriminations vécues par les personnes bisexuelles (voir aussi pansexuelles). Elles sont historiquement documentées, et se retrouvent autant dans la communauté LGBTI+ comme dans les groupes de personnes hétérosexuelles. Elles s’expriment différemment selon le genre de la personne et son origine ethnique, car le sexisme et le racisme sont également prévalent dans nos sociétés. Les normes imposés aux différents genres jouent beaucoup sur l’origine des discriminations biphobes.
Ces discriminations peuvent être activement exprimées, implicites, interiorisées, et manifestent aussi par l’invisibilitation des personnes bi des espaces publiques et privés.
Quel type de biphobie as-tu déjà subie ?
Tout d’abord il y a celle de la reconnaissance de sentiments romantique pour les personnes du même genre que moi dans une société où les femmes sont hypersexualisées, et où l’hétéronorme est présente dans toutes nos interactions. Cette barrière a été pour moi la plus importante à passer. La biphobie subie par les femmes et minorités de genre a tendance à nier la légitimité des sentiments pour d’autres femmes, sentiment que j’avais interiorisée grandement.
Ensuite, une fois que j’ai accepté de donner de la légitimité à mes sentiments, j’ai été confrontée à la peur de l’exclusion dans les communautées lesbiennes, où la biphobie n’est pas forcément explicite mais semble planner dans l’air ambiant. Ce sentiment m’a trop longtemps freiné des possibilités d’expression libre et du sentiment de légitimité dans la commaunté LGBTI+ ; surtout quand cela se confirme car que les remarques biphobes tombent.
Enfin dans les groupes et espaces hétérosexuels, j’ai vécu trois phénomènes : d’un côté l’hypersexualisation de la part d’hommes (amis ou inconnus), de l’autre côté l’injonction que mon identité queer s’efface car je relationne avec un homme, et enfin la déligitimation de mes relations avec des femmes.
Pourrais-tu expliquer la première fois où tu en fait l'expérience (ou celle qui t'a le plus marquée) ?
La première était la remarque d’une personne à la première soirée de femmes queer où je suis allée, où on m’as rétorqué “tu as une tête d’hétéro” à un moment de questionnement sur mon orientation sexuelle. Cette remarque m’as heurté car je me savais “pas-hétéro”, mais voilà que cet espace qui est sensé être bienveillant vient me “remettre à ma place”. Je pense que cet incident as ajouté 4 ans à ce que je sois assez comfortable pour être out en tant que bisexuelle.
As-tu déjà expérimenté un rejet/de la biphobie au sein des communautés LGBTQI+ ? Si oui, peux-tu expliquer les comportements auxquels tu as été face ?
Ma première experience de biphobie était dans un espace LGBTI+. Personne(à part la personne qui m’accompagnais) ne semblait vraiment réagir à cette remarque, mettant cela sur le ton de la blague, l’alcool, etc.
Je ne sais pas si d’autres gens ont réagis, nous avons quitté la soirée peu après l’incident.
Quels sont les préjugés/stéréotypes auxquels tu fais face et qui sont liés à ta bisexualité?
Est-ce que ta bisexualité a pu poser problème dans certaines relations amoureuses ?
Elle ne pose plus problème depuis que j’apprends à mieux choisir avec qui je relationne. Ayant vécue des relations où les préjugés mentionnés ci-dessus se sont manifesté dans mes relations, j’énonce clairement mon orientation et dézingue d’entrée de jeu tous ces commentaires ou ces idées préconcues avant de relationner avec quelqu’un·e.
Tous les exemples précédents sont issus de mon experience directe.
Trouves-tu que la société a tendance à minimiser et/ou invisibiliser la biphobie? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?
L’invisibilisation est très présente car elle est très liée à l’hétéronorme et aux normes de genre, piliers encore prévalents dans nos sociétés. La perspective féministe éclaire beaucoup sur la biphobie. Le système patriarcal perpétue des injonctions très précises sur qui chacun·e doit aimer et comment chacun·e doit performer son genre.
En tant que femmes et minorités de genre, quid de relationner également avec des membres du groupe social qui nous oppressent ?
De cela découle également la nécessité des espace sans le groupe social oppresseur pour exister, se rencontrer et peut-être démarrer des relations (ic par exemple des lieux et espaces lesbiens). Donc avoir un partenaire du groupe dominant peut être un frein à l’acceptation de soi et le sentiment de légitimité de rejoindre ces espaces (même si on les laisse à la maison, ils font quand même partis de nos vies.)
> Cette reflexion est également valable pour les femmes/minorités de genre hétéro et les espaces féministes.
Et en tant qu’hommes dans un système patriarcal et homophobe, quid de relationner également avec d’autres hommes car cela est perçu comme une marque de “non-virilité” ? Et où toute trace de féminité est vue comme inférieur ?
Les questions de genres sont encore jugés “complexe à comprendre” pour les discours publics, donc de comprendre que les normes de genres et le système patriarcal influe également sur les personnes bi et pan est jugé encore plus complexe.
Les représentations des personnes bisexuelles dans les médias est d’ailleurs scandaleuses - ou nous sommes des diables tentatrices, ou nous sommes les méchants de l’histoire, ou nous sommes gay/hétéro à la fin de l’histoire.
Selon toi, quelles sont les pistes de solutions qui aideraient à lutter contre la biphobie?
Pour continuer sur ma réponse précédente, les pistes principales que je vois sont dans la déconstruction de ces normes de genres, ces normes hétéro, cette binarité hétéro ou homo. Cela va prendre du temps, mais en vue de l’essor féministe qu’on observe depuis les années 2010, on est en chemin, il faut juste persévérer.
En complément, on peut aussi : avoir une meilleure représentation de la communauté dans les médias et la culture en montrant les milles manières d’être bisexuel·le, éduquer les jeunes générations de la communauté à l’histoire des luttes LGBTI+, interpeller les commentaires ou comportement biphobes de toustes (intra ou extra communautés), sortir d’une focalisation unique sur les relations sexuelles et reparler d’amour comme le coeur de nos vies, etc.